Il y a deux sortes de personnes.
Les premières possèdent d'énormes connaissances, cependant elles semblent avoir quelques difficultés à utiliser ce merveilleux savoir de manière concrète et utile.
D'autres, en revanche, ne savent peut-être pas grand chose, mais le peu qu'elles maitrisent semble rapidement et concrètement mis en œuvre.
Essayez si possible d'appartenir à cette seconde catégorie, vous mettrez ainsi rapidement sur pied les projets qui vous tiennent à cœur. Même si au départ c'est un peu brut de décoffrage, ce n'est pas très grave puisque tôt ou tard, il y aura toujours quelqu'un pour vous donner une abondance de conseils qui vous permettront, après tri sélectif, de vous perfectionner.
Ce qui est formidable dans le mouvement du Libre, c'est l'immense opportunité de pouvoir y contribuer à tout niveau d'expertise.
Si les aficionados GNU/Linux on parfois la mauvaise réputation d'être impatient avec les 'newbies', il est important de noter que cette impatience ne s'adresse généralement qu'aux individus déplaisants qui s'attendent à recevoir le même genre de 'chouchoutage' que celui qui accompagne les supports commerciaux chèrement payés, pour un produit --il ne faut tout de même pas l'oublier-- qu'ils ont généralement acquis de manière totalement gratuite. Être novice dans le logiciel libre n'est pas synonyme d'anathème, mais être un parasite exigeant fera froncer plus d'un sourcil.
En réalité, un nouveau venu qui s'efforce de participer de son mieux, par exemple au travers d'articles utiles sur un forum d'entraide (il y a toujours plus novice que soi), ou au travers de traduction, de donation, ou quoi que ce soit d'autre en son pouvoir, sera généralement traité avec respect et fera rapidement parti du 'club'.
En ce qui me concerne, ce fut, de loin, la facette la plus attractive de GNU/Linux: le concept fondamental et implicite que le Libre est construit sur la base du partage et des contributions volontaires. Nous voici au 21e siècle, dans une civilisation moderne où le sentiment prédominant est que l'égoïsme et l'individualisme ont atteint leur paroxysme. Pourtant, dans le domaine des sciences informatiques qui infiltre tous les aspects de nos vies actuelles et qui est, sans aucun doute, au pinacle des réalisations humaines, de nombreuses personnes travaillent ensemble passionnément d'une façon purement coopérative qui n'est pas sans évoquer des réminiscences utopiques de la fin des années 60.
Peut-être y a t'il de l'espoir après tout.
Dans un monde qui a vu la débâcle du communisme et qui souffre maintenant de ce qui ressemble (espérons-le) aux dernières convulsions du capitalisme, il est assez fascinant de constater que GNU/Linux intègre avec succès ce qui semble être les attributs fondamentalement opposés des deux systèmes.
L'un des moteurs puissants qui anime les nombreux projets constamment en ébullition dans la cuve de brassage du Libre c'est le fameux syndrome du SGLOCD (Se Gratter Là Où Ça Démange), autrement dit un individu solitaire développe dans son coin un solution qui répond à un problème particulier auquel il fait face. À ce stade, il n'y a pas vraiment d'altruisme dans cette démarche initiale. Il n'y a pas vraiment d'altruisme non plus quand il publie ensuite sa solution sur le Web dans un fanfaronnade presque enfantine: "Eh les gars... regardez ce que j'ai fait!". Par contre, ce qui est généreux, c'est de choisir de le faire sous licence GPL et ainsi permettre à d'autre de 'jouer' avec si ils le désirent.
Si une telle initiative comble à un appel d'air et répond concrètement au réel besoin d'une audience plus large, une communauté virtuelle se formera généralement autours et l'aidera à se transformer en projet pérenne. Les membres de cette communauté contribueront essentiellement pour la simple satisfaction et le grand plaisir qu'ils ressentent à construire quelque chose "d'important" ensemble de manière totalement désintéressée.
La passion entre certainement dans une grand partie de l'équation et permet également d'expliquer pourquoi GNU/Linux est parfois le théatre de débats houleux entre certains de ses acteurs principaux. La passion explique également l'existence de zélotes évangélistes qui tenteront par tous les moyens de vous convaincre d'embrasser "leur distro" avec une ferveur quasi-religieuse. C'est un vaste sujet qui nécessitera sans doute qu'on lui consacre son propre billet. Disons simplement que ça peut être très déconcertant au départ.
Alors, si vous venez tout juste de découvrir le monde surprenant, créatif, vibrant, contradictoire et très humain de GNU/Linux, et que vous désirez apporter votre propre pierre à l'édifice, vous êtes plus que bienvenue. Même si vous ne vous sentez pas encore vraiment capable de faire grand chose, n'hésitez pas à vous lancer. Tant que vous désirez vraiment aider, ce que vous pourrez apporter sera toujours utile à quelqu'un. Il y aura toujours de la place pour vos contributions.